Le pastel des teinturiers, la plante du bleu

Le pastel des teinturiers, ou Isatis tinctoria L. de son nom scientifique, est l’une des nombreuses plantes tinctoriales permettant de de teindre en bleu. Cependant, c’est la seule plante cultivée dans l’Europe du Moyen Âge permettant d’obtenir un beau bleu solide sur les textiles. Or à cette époque la teinture est quasi uniquement végétale !

  1. Le pastel des teinturiers, une plante utilisée depuis la nuit des temps
  2. Le pastel des teinturiersplante tinctoriale, mais pas que !
  3. Que faire avec mes graines de Pastel des teinturiers ?

Le pastel des teinturiers, une plante utilisée depuis la nuit des temps

Qu’est ce qu’une couleur solide ? Il s’agit d’une teinte qui tiendra plusieurs années sur les vêtements, ne pâlira pas ou ne brunira as au soleil, et qui ne dégorgera pas au premier lavage. Isatis tinctoria est connu et utilisé comme plante tinctoriale depuis l’âge du fer. Dans l’antiquité, elle était déjà utilisée par les celtes, ainsi que par les pictes l’utilisaient pour impressionner leurs adversaires lors de batailles.

Au moyen âge, il semble que la mode du bleu s’impose totalement au XIIIème siècle. Dans la somme, des fouilles archéologiques ont révélé la probable culture de pastel dès le IXème siècle. Elle s’y développe de façon importante. Pour preuve, le financement au XIIIème siècle de l’édification de la Cathédrale d’Amiens, grâce aux ressources générées par le commerce du pastel de teinturiers et de la draperie. Pour en savoir plus sur l’histoire de l’usage du pastel des teinturiers, je vous propose de lire cet excellent article de Sabine Robin. Le Lauragais, région située entre Toulouse, Carcassonne et Castre, devient une grande région de culture du pastel à parti du XIVème siècle. On peut encore admirer dans le Lauragais et à Toulouse le patrimoine édifié grâce aux revenus du commerce du pastel.

 

Le pastel des teinturiers, plante tinctoriale, mais pas que !

Le pigment bleu issu du pastel est l’indigo, et la molécule responsable de cette coloration, l’indigotine. Les couleurs obtenue vont du bleu très clair au bleu nuit. On obtient ces différentes nuances par la durée et le nombre de trempages dans la cuve de teinture, ainsi que grace à la saturation de la cuve. Le pigment indigo n’est pas à proprement parler présent dans le pastel, mais il s’agit plutôt de précurseurs qui sont transformés par le process de montage de la cuve et s’oxydent au contact de l’air et produisent alors du bleu. On peut observer cette transformation au moment de la teinture, lorsque l’on sort le tissu du bain de teinture : il est en général de couleur vert jaunatre et bleuit au contact de l’air. C’est ce qu’on appelle le déverdissage. 

Au Moyen Âge, cette transformation avait lieu dans la cuve du teinturier par l’ajout de lessive de cendre permettant l’apport de potasse et rendant le bain basique. L’ajout de son ou de poudre de racine de garance permet un apport de cellulose. 

Isatis tinctoria n’est pas seulement connue comme plante tinctoriale. Au XIème siècle déjà, Macer Floridus, dans son poème De viribus herbarum, préconise la plante comme remède, notamment comme hémostatique. Aujourd’hui, ses graines fournissent une huile utilisée en cosmétique pour ses vertues dermatologiques. Mais l’intérêt de la plante ne s’arrête pas là. Un article d’ethnobotanique nous apprend que, selon les parties de la plante que l’on utilise (feuille, fruit, graine, racine), elle possède de nombreuses propriétés intéressantes : anti-inflamatoire, antioxydante, antiradicalaire, anticancéreuse, antitumorale, antidessèchement, antirides, antidermatophytique, antiallergique, antihistaminique, antifongicide, insectifuge, insecticide et antimicrobienne ! 

Retrouvez dans un prochain article les méthodes d’extraction du pigment bleu et de teinture avec des feuilles fraiches.

Que faire avec mes graines de Pastel des teinturiers ?

Le pastel des teinturiers est présent un peu partout en France. Selon les régions et les époques, on l’appelle guède, wède, wouède, waide, waisdo … C’est une plante bisannuelle de la famille des brassicacées (choux, roquette, colza, moutarde, …. ). La première année, elle donne une rosette de feuilles oblongues qui sont traditionnellement cueillies à partir de juillet. Le pigment est principalement présent dans les feuilles. Ce sont ces feuilles qui sont utilisées en teinture végétale, pour le textile.

La deuxième année, une tige pousse pour donner des grappes de petites fleurs jaune très nombreuses. De petites graines ovales de couleur foncée (sillicules) arrivent ensuite (vers juin/juillet). Elles contiennent les graines du pastel, qui pourront ensuite être semées pour produire de nouveaux plants. Le pastel est une plante rustique, qui peut se ressemer seule lorsque les conditions sont réu ies. Néanmoins, si l’on veut obtenir de bons résultats, quelques précautions s’imposent. Enfin, le pastel s’épanouit mieux dans un sol calcaire, profond, bien drainé, en bien exposé au soleil.

Il est possible de semer vos graines en pot en intérieur dès les mois de février/mars pour les repiquer ensuite au jardin en mars/avril selon le climat de la région. 

Les graines de pastel peuvent être décortiquées ou semées avec leurs coques. Mon expérience personnelle : je sème à la volée sur une parcelle préalablement travaillée (assouplie et un peu émiettée), sans enlever les coques des graines. Cela fonctionne très bien et ça vous épargnera beaucoup de travail. Après semis, je rattisse un peu la terre afin de m’assurer que les graines sont bien en contact avec la terre. Cela permet également de les enfouir un peu. Ensuite, j’arrose.

La terre doit être gardée humide le temps que les semis germent, que ce soit en intérieur ou en extérieur. Lorsque les plantules apparaissent, elles doivent être arrosées régulièrement pour éviter de dessécher. Attention néanmoins : trop d’arrosage peut entraîner le pourrissement.

Lors du repiquage des plants, si vous avez semé en pots, il faut également arroser le temps de la reprise. Ensuite, il n’est plus besoin d’arrosage, la plante étant suffisamment rustique, elle se contentera des arrosages naturels ! Pensez nénmoins à désherber de temps à autre pour éviter que vos plants de pastel disparaissent sous la végétation.

Les feuilles de pastel des teinturiers sont traditionnellement cueillies vers le mois de juillet, puis les mois suivants, tout au long de leur repousse. Le pastel passe bien l’hiver dans nos régions tempérées. L’année suivante, dès le début du printemps, vous pourrez observer la pousse de la tige florale.

A vos semis !

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